L’Homos Europens et son avenir, selon Denis Fournaud

En écho à son précédent opus, In homo veritas, Denis Fournaud se livre à coeur ouvert et sans concession à travers Homo Europens. Jubilatoire. Rencontre avec un auteur à l’humour aussi mordant que l’esprit, visionnaire.

livre Homo Europens de Denis Fournaud

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre à la manière d’un témoignage ?

En effet c’est un témoignage pour une action. Ce qui m’a donné envie de l’écrire, c’est l’état actuel de notre civilisation de 900 ans, qui est sans doute très menacée mais avec une capacité de rebond qui est extrêmement importante, rebond pour lequel on peut être optimiste. Donc menacée oui.

Les principales menaces, selon vous ?

Il suffit de regarder Trump, Poutine et le président chinois, Xi Jinping. Ils sont absolument incroyables de technicité, d’efficacité et de danger pour nous car on représente un marché économique important qu’ils ont décidé d’utiliser mais pas la civilisation européenne, dont ils se foutent parce que leurs ambitions actuelles les en écartent.

Dans cet ouvrage, vous mettez en face à face la culture, comme une sorte de pare-feu contre ces dangers potentiels. Est-ce notre seule issue ?

Oui notre culture devrait être une force. La remettre en valeur est vital, parce ce n’est pas une vue de l’esprit, cette valeur. Cette culture qu’on a, elle a deux mille ans, elle a survécu vaille que vaille, à un certain nombre de choses, on a surmonté les conflits, et on a inventé la démocratie, la première a mal fini, elle a fini chez les oligarques, tiens comme c’est étonnant.

À qui est dédié ce livre ? Aux générations montantes ?

Sans doute. Mais à tous ceux qui ont le sentiment de vivre dans une Europe qui a quand même une évolution positive. Elle est l’embryon d’une confédération, on a avancé sur pas mal de choses mais une des choses que l’on n’a pas faite c’est de créer une organisation militaire de défense. Or, il n’y a pas de puissance sans défense, il faut le dire. Ni sans organisation militaire.

Un sujet très ambitieux, que celui de la place de l’Europe dans le monde…

Le sujet ne m’a pas dépassé car c’est tout simple. On peut dire, « regardez, vous êtes des Européens », et ce n’est pas simplement réservé aux catégories
socioprofessionnelles supérieures et moyennes. Bien plus qu’aux Etats-Unis, le sentiment d’être Européen existe dans les 27 pays d’Europe. J’ai travaillé aux États-Unis sur les deux côtes. À travers la plus grande partie de ce pays, ils ne savent rien, et ça ne les intéresse pas. Ils ont trouvé un type qui est l’idéal pour eux, il les représente et il aura des successeurs à son image. Il y a une petite résistance ces derniers temps, toutefois…

Que penser du titre ?

Il se veut dans le sens d’une convergence. Convergence de dire à beaucoup de gens de ne pas essayer d’intellectualiser tout cela car vous le vivez mais vous le vivez sur un strapontin.

Un style à l’humour déjanté puis grave, comment passez-vous de l’un à l’autre au fil des pages ?

Il est dans notre vie, l’humour. Quand il y a un truc grave et sérieux dans ma vie, j’essaye de voir comment on peut en rigoler. Les comiques sont nécessaires et ils nous font vivre. Cynthia Fleury, la philosophe, dans son ouvrage, a écrit vingt pages sur le rire, et je souscris. Être léger, c’est tellement évident.

Être né en 1942 influence-t-il votre regard et votre propos dans cet ouvrage ?

C’est le moteur !
Prendre conscience du retour du mal qui est cyclique. Il y a des périodes où l’on est courbé sous ce qu’il se passe, c’est ce qui s’est produit durant la seconde guerre mondiale. Quel est le type qui a fait aussi bien que le type qui a inventé l’holocauste, pour cinquante millions de personnes qui ont voté pour lui ? C’est possible que le mal revienne et il faut en avoir conscience. Il faut essayer de vivre à côté.

Comment arrivez-vous à demeurer optimiste ?

Parce que dans la vie courante, on n’est quand même pas entouré que de salauds. En Europe, il y a un fonds de personnes qui ont l’idée d’un rayonnement, d’une paix.

La place de la France dans l’Europe ?

C’est intéressant mais si l’on en parle trop, on se met en situation de handicap face à un fonctionnement global. L’Europe, dans ce débat, une confédération ? Non, certainement pas, mais une convergence de points de vue de gens qui ont vécu ce dont on parle, en tant qu’amis ou ennemis. On a passé la période la plus terrible… Mais maintenant, il y a toujours un crétin qui peut appuyer sur un truc atomique…

Propos recueillis par Lucile Gelebart

Homo Europens, Les éditions des Auteurs des Livres, 15€

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